Préambule

En disparaissant sous les balles de l'ennemi, Jules Mongin a laissé une veuve et 10 orphelins, mais il a aussi changé le cours de la vie de toute une famille et des générations qui vont suivre

Pour preuve le destin de Louis, son fils aîné (mon père), qui a été tout à fait différent de celui qu'il aurait du être si mon grand-père n'avait pas disparu aussi prématurément

En effet, dans l'un de ses derniers courriers (cf. rubrique "documents"), mon grand-père demandait à ses enfants de "ne point se quereller", de "n'avoir pas une pensée mauvaise l'un pour l'autre" et de "ne pas être en désaccord, surtout dans les partages, qui seront faits d'une façon loyale", mais en réalité, il en fut tout autre...

Loin de moi l'idée de vouloir porter un quelconque jugement sur ces faits ou leurs conséquences (qui auraient pu être bien plus désastreuses pour la population locale, connaissant la "bestialité" de l'envahisseur), nous certes avons changé de siècle depuis, mais ce genre d'épisode ne doit pas être oublié et ne doit surtout plus jamais se reproduire

Ce site Internet a été créé pour que ce dramatique épisode de la guerre de 1939-1945 (dite "deuxième guerre mondiale") ne tombe pas dans l'oubli...

Que s'est-il vraiment passé ?

Le 16 juin 1940, Arthur Létang et Jules Mongin, deux agriculteurs résidant à Vanne, en Haute Saône, se rendent en voiture acheter de la farine au moulin de Soing, un village situé en bordure de la Saône, à 4 km de là

Ils y rencontrent un soldat allemand, seul avec sa moto, qui est apparemment égaré

"C'est un boche", dit Arthur Létang à Jules Mongin en patois en s'approchant de lui pour savoir ce qu'il faisait là

L'allemand réagit brutalement en expédiant Arthur Létang à terre d'un coup de poing en pleine figure puis attrape Jules Mongin par la chemise 

Jules Mongin réussit à se dégager et le soldat, décontenancé, fait quelques pas en arrière en épaulant son fusil et vise les deux hommes

Jules Mongin se jette alors sur lui, lui arrache l'arme des mains, et après une courte poursuite, lui abat sur le casque le Mauser qu'il tient par le canon

L'allemand trébuche puis tombe, mort

L'éclusier Félix Mey et des villageois de Pont De Planche, un village voisin, venus également chercher de la farine, arrivent aussitôt sur les lieux et tous décident de cacher le corps, l'arme et la moto

Le corps et le fusil sont jetés dans le canal tout proche et la moto devant les turbines du moulin

L'affaire aurait pu s'arrêter là, mais...

La semaine suivant ce drame, un jeune garçon passant le long du canal aperçoit le corps qui flotte et avertit aussitôt le maire de Soing, Octave Vairon, qui est le beau-frère de Jules Mongin

Octave Vairon alerte aussitôt son beau-frère et le soir, avec Arthur Létang et d'autres personnes, ils vont jeter une herse sur le corps, qui s'enfonce à nouveau

Mais quelques jours plus tard, le corps remonte et le cadavre flotte à nouveau à la surface du canal

Arthur Létang, Jules Mongin et Octave Vairon décident alors de le sortir de l'eau et de l'enterrer dans un champs voisin, propriété des Mongin, à quelques centaines de mètres de là

La moto est également repêchée et jetée un peu plus loin dans un trou de la Saône

Les mois passent et, cette fois, l'affaire semble en rester là...